Picasso et les maîtres Grand Palais, Louvre, Orsay

Picasso le visiteur revisité, entretien avec le commissaire, Anne Baldassari, propos recueillis par Bénédicte Bonnet Saint-Georges, p. 2 C'est le pari de l'ambitieuse exposition qui se déploie en même temps au Grand Palais, au Louvre et à Orsay, trois lieux emblématiques de l'histoire de la peinture dont Picasso est ici l'inépuisable miroir. Portraits et autoportraits, grands nus, vanités, natures mortes et figures sont les grands sujets autour desquels on voit Picasso à l'oeuvre, aux prises avec Velazquez, Manet, Ingres ou Goya, autant de maîtres dont il devient l'égal, autant d'images qui le hantent comme elles hantent l'histoire de la peinture et les spectateurs fascinés que nous sommes. Amiot-Saulnier, p. 14 déforme, il s’en écarte, pour en donner un équivalent plus vrai que nature, pour capter une vérité au-delà des apparences. La peinture est pour lui une manière d’apprendre à vivre, elle donne forme aux terreurs et aux désirs. Certains motifs reviennent de manière obsessionnelle dans l’œuvre du maître, qui multiplie les approches, réalise des séries, sans jamais achever sa peinture de peur de la tuer. Gendre, p. 22 conventionnels, le jeune Pablo étudie d’abord à l’école des Beaux-Arts de Barcelone, puis à Madrid, à l’Académie des Beaux-Arts de San Fernando. Il réalise studieusement copies d’antiques et copies d’après nature, et découvre les grands maîtres du passé au Prado. Mais oppressé par l’enseignement officiel, Picasso finit par s’en éloigner. filiation esthétique, une identité nationale ou une volonté de perpétuer l’art de ceux qui l’ont précédé, Picasso revendique une renaissance de la peinture. Il se frotte à ses maîtres et à leurs oeuvres non pour les faire survivre, mais pour les faire vivre pleinement dans le présent. Sans déférence, il s’imprègne simultanément du maniérisme du Greco, de la pénombre de Zurbarán, des miroirs de Velázquez, du tourment de Goya. Schlesser matière de Degas, le primitivisme de Gauguin; mais pas seulement... Les maîtres français dialoguent entre eux dans la peinture de Picasso, sans que l’un prenne le pas sur les autres. L’artiste les invite simultanément dans sa création, tandis que lui-même, par sa peinture, prend part aux débats du passé qui confrontèrent Poussin et les frères Le Nain, Courbet et Delacroix, Ingres et Cézanne… Schlesser, p. 40 fois. Fasciné par le maître hollandais, il admire l’inventivité de son art graphique, la vitalité de sa création et la puissance de son imaginaire. De manière consciente ou non, l’œuvre du peintre espagnol est ponctué de citations directes, comme la figure du mousquetaire, ou imprégné d’une influence plus latente. La présence de Rembrandt est notamment palpable dans la centaine de gravures de Picasso qui constituent la Suite Vollard.

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